Tout faire pour battre la droite
Pour José Bové, la question du second tour pas d'actualité
PARIS
(Reuters) - José Bové a déclaré vendredi que la question de sa position
et des collectifs qui le soutiennent au second tour de la
présidentielle n'était pas d'actualité, même si sa priorité est de
battre la droite. "Il est clair qu'on empêchera la droite de
gagner. Mais aujourd'hui, on est dans cette bataille du premier tour",
a déclaré le leader altermondialiste aux journalistes. "Toute
phrase ou toute imagination sur ce qui pourrait se passer après n'est
absolument pas d'actualité", a-t-il ajouté, lors de la visite à Paris
d'un immeuble occupé par des associations de soutien aux mal-logés et
rebaptisé "ministère de la Crise du logement". José Bové, qui a
annoncé sa candidature jeudi, a précisé qu'il comptait bien "empêcher
la droite et (Jean-Marie) Le Pen de gagner dès le premier tour". Des
journalistes avaient cru comprendre qu'il pourrait éventuellement
appeler à voter pour Ségolène Royal au deuxième tour du scrutin à la
suite de ses déclarations dans la matinée sur RTL. "Je ne suis
pas propriétaire des voix des gens qui vont aller voter. Mais c'est
évident qu'on fera tout pour faire que la droite perde ces élections.
C'est le sens même de notre candidature", avait-il déclaré. Interrogé sur sa volonté "d'aller jusqu'au bout", le leader altermondialiste a éludé la question. "Pour
l'instant on est dans cette dynamique, on a décidé de se présenter. Ce
qu'on va faire c'est qu'on va évaluer la campagne au fur et à mesure",
a-t-il expliqué. "Mais si on annonce sa candidature, ce n'est
pas pour dire 'on va se retirer' parce que de toute façon on a juste
envie de faire deux tours, une fois à la télé, une fois à la radio, et
puis on repart". Les collectifs antilibéraux qui ont investi
José Bové dans la course à l'Elysée ont décidé de faire un bilan de la
dynamique lancée autour de sa candidature le 11 mars.
JOSÉ BOVÉ ÉVALUERA SA CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE "AU FUR ET À MESURE"
José Bové : ="il faut
remettre en cause notre modèle de développement"
LEMONDE.FR | 02.02.07 |
15h43 • Mis à jour le 02.02.07 | 16h05 =
Adrien, étudiant de Tours
: Ne pensez-vous pas que la =multiplication des candidatures de l'extrême
gauche va diviser vos =électeurs et ainsi les chances de parvenir à emporter
les =élections ?
José Bové : Je crois que ma candidature est une
candidature =qui veut être utile à la gauche pour battre Sarkozy et Le Pen.
=C'est une candidature qui s'inscrit dans la dynamique des collectifs
=unitaires et des 125 propositions qui ont été élaborés par =ceux-ci.
Vince : Vous
considérez-vous comme un candidat écologiste ? =
José Bové : Je me considère comme une candidat qui
ne =peut pas séparer la lutte écologique de la lutte contre un =modèle
économique, modèle économique productiviste et =libéral. La crise écologique
aujourd'hui est le fruit d'un =modèle de développement qui s'est accentué par
la logique de la =mondialisation libérale.
Marcie : Comment allez-vous
donner du travail aux Français ? =
José Bové : Il y a plusieurs pistes. D'abord, il
faut que =le travail soit revalorisé par rapport au capital. Il y a 150
=millions d'euros, dans les 10 dernières années, qui sont passés =du travail
vers le capital, c'est-à-dire vers les actionnaires. Il =faut que cet argent
permette de revaloriser les bas salaires et les =minimas sociaux.
Un autre type de mesure, par
exemple : à cause du problème =climatique et de la nécessité de la maitrise de
l'énergie, il =est indispensable de réhabiliter tous les logements qui ont été
=construits avant 1975. Si on réhabilite 400 000 logements par an =pendant 40
ans, cela permettrait de créer au moins 100 000 =emplois.
Banlieue78 : Peux-tu
clairement énoncer ta vision concernant le ="sort" des quartiers
populaires jetés dans l'anathème et la source =de tous les maux de la
République ? Quelle transformation sociale =dans les quartiers populaires ?
José Bové : La question des banlieues ou des
quartiers =populaires est une question centrale tant au point de vue de
l'emploi =que du logement et du respect de toutes les personnes qui y vivent
dans =leurs différences, qu'elles soient culturelles ou sociales. On ne
=réglera pas la question par une simple réunion =interministérielle. Il y a nécessité
de faire avec l'ensemble =des populations de ces quartiers, des élus, des
véritables =états généraux des banlieues.
Et au niveau du Budget de
l'Etat, si on veut sortir de la =ghettoïsation, il faut que cela soit une
priorité.
Benjamin : N'avez-vous
pas l'impression d'être obscurantiste en =arrachant des plants transgéniques
destinés à produire des =médicaments ?
José Bové : Aujourd'hui, la fédération des
=producteurs d'OGM au niveau international a pris une position très =claire en
disant qu'il ne fallait pas utiliser des plants en plein air =pour produire des
médicaments parce que les risques de transferts de =ces gènes à d'autres
plantes pouvaient créer des risques pour =la population qui n'est pas malade.
Deuxième raison : il existe
des méthodes beaucoup plus fiables =pour produire ces molécules en utilisant
les fermenteurs en milieu =confiné. C'est d'ailleurs ce que choisissent les
laboratoires.
Ganz : Serez-vous le
candidat de la "décroissance" ?
José Bové : Dans le projet que nous avons avancé,
nous =avons dit très clairement qu'il fallait remettre en cause le =modèle de
développement dans lequel nous sommes tant au niveau de =la production que de
la consommation et des transports. Cette question =touche à la fois l'avenir du
travail et la pénibilité du =travail, mais aussi l'avenir de la planète et la
possibilité pour =les générations futures de pouvoir vivre de manière décente.
=
Il est certain, que de
toutes les manières, les ressources fossiles =seront épuisées d'ici une
cinquantaine d'années. Il est =nécessaire de mettre en oeuvre les alternatives
dès aujourd'hui =plutôt que d'attendre un conflit lié à la pénurie.
Enrique : Je travaille
dans une centrale nucléaire, quelle est ta =position sur ce thème ? Le rien
nucléaire ?
José Bové : Dans le cadre des collectifs, les
positions =sont divergentes entre ceux qui sont favorables à la poursuite de la
=politique nucléaire de la France et ceux qui prônent la sortie du =nucléaire.
La position que j'ai adoptée est de dire que ce =débat énérgétique ne peut pas
etre simplement réglée =par des experts dans des cabinets ministériels mais
doit faire =l'objet d'un débat public et d'un référendum.
Pour que ce débat puisse se
dérouler de manière sereine, il est =indispensable d'arrêter le chantier de l'EPR
et de décréter un =moratoire sur toute nouvelle construction de centrales
nucléaires en =France.
Seb : Quelle est votre
opinion sur l'Europe et l'avenir de la =constitution européenne ?
José Bové : Je crois qu'il faut être clair. Les
=Français ont voté "non" en mai 2005. Pour nous, il est clair qu'il
=faut proposer un nouveau texte fondateur qui tourne radicalement le dos =au
tout-marché. Nous proposons que, dès la fin du processus =électoral, la France
s'engage à relancer un processus pour la =rédaction d'un nouveau traité qui
devrait prendre toute sa =dimension au moment de la présidence française de
l'UE en =2008.
Erick,_etudiant : Quelle
est votre position par rapport à =l'immigration ?
José Bové : Sans aucune ambiguïté, je suis pour la
=régularisation de tous les sans-papiers. Les immigrés ne sont pas =une menace.
Ils sont une chance.
Oualid : Avez-vous une
idée pour régler le problème du =logement ?
José Bové : Il faut, entre autres, lancer un grand
projet =de construction. En même temps, on ne peut pas accepter que des
=logements vides puissent continuer à le rester en toute impunité. =Il faut
donc rendre effective la réquisition.
Flobé : Quels seraient
les fondements de la 6e République ? =
José Bové : Je parlerai plutôt de première
=République. On ne peut pas se contenter d'un replâtrage de la Ve =République.
Il faut modifier les rapports du pouvoir et des citoyens. =Il faut mettre de
manière très claire un terme au cumul des =mandats, limiter le renouvellement,
permettre aux citoyens de pouvoir =déposer des projets de loi. Il faut mettre
sous contrôle les =élus et rendre possible leur révocation en cas de
contradiction =avec leurs électeurs.
D'autres réformes sont
indispensables, comme le rééquilibrage =des pouvoirs vers l'Assemblée
nationale, la dissolution du Sénat, =et son remplacement par une Assemblée qui
prenne en compte les =citoyens à travers leurs formes organisées dans la
société. =
Voilà quelques projets dans
le cadre d'une refonte de la =Constitution.
Nathalie : Te considères-tu
comme antimilitariste ?
José Bové : Je suis contre la militarisation de la
=société. Depuis plus de 35 ans, je me bats contre la logique de =guerre. Quand
on dit que le pouvoir est au bout du fusil, c'est toujours =le peuple qui est
au bout du canon.
Je pense qu'il y aura
nécessité de s'interroger sur la =nécessité de maintenir ou non l'armement
nucléaire. La France, =contrairement à ses discours apaisants, relance la
course à la =modernisation et à l'augmentation de son arsenal nucléaire. =Nouveaux
missiles, nouveaux sous-marins et simulation sur les bombes =atomiques au
centre mégajoules en Gironde. Ceci est dangereux et =contraire à un esprit de
paix entre les peuples. Et contraire aux =engagements internationaux de la
France.
PD : Etes-vous favorable
au vote des immigrés ?
José Bové : Je suis favorable au droit de vote de
toutes =les personnes résidant dans notre pays, qu'elle fasse partie de la
=communauté européenne ou de tout autre pays d'origine.
A partir du moment ou on
paye les impôts, les taxes, il est =légitime que l'on ait droit de choisir la
façon dont l'argent est =utilisé. C'est un principe élémentaire de démocratie.
Ralph : Votre accolade
avec "l'obscurantiste" Tariq Ramadan au FSE de =2003 a fait couler
beaucoup d'encre. Vous soutient-il dans cette =campagne ? Surtout, êtes-vous
favorable au maintien de la =laïcité comme principe fondamental de notre
République ? =
José Bové : Je l'ai réaffirmé hier : nous sommes
pour =une France laïque, démocratique, féministe, antiraciste et =écologiste.
Le principe de la séparation entre l'Etat et toutes =les formes de religion
doit être un principe fondamental qui ne =mérite aucune concession.
Sur la première partie de la
question, nous n'avons pas le soutien de =M. Ramadan et nous ne l'avons pas
sollicité.
Yo2007 : Que faudrait-il
faire selon vous pour limiter les =délocalisations d'entreprises dans des pays
plus attractifs =économiquement ?
José Bové : La réponse est à plusieurs niveaux. Au
=niveau international et national. Aujourd'hui, il faut refuser la =logique des
transnationales qui se servent des salariés comme facteur =d'ajustement pour
préserver les intérêts des actionnaires.
La majorité des
délocalisations sont le fruit uniquement de jeux =financiers pour des retours
sur investissement rapides.
Il faut donc, au niveau
national, prendre des mesures pour qu'une =entreprise qui décide de délocaliser
soir obligée de créer =sur le territoire national autant d'emplois qu'elle veut
en faire =disparaître. A ce niveau-là, la liberté d'entreprise doit =être
limitée par l'intérêt général.
Julien : Faut-il
promouvoir et protéger les logiciels libres ? =
José Bové : Le combat pour la défense des logiciels
=libre est quelques chose d'aussi important que la défense du droit =pour
utiliser en tant que paysan, ses propres semences. On ne peut pas =accepter le
pouvoir exorbitant des firmes comme Microsoft qui, à =travers leur outil
industriel, imposent leurs produits.
C'est le message que j'ai
donné hier soir à M. Bill Gates que j'ai =croisé dans les locaux de TF1 où
j'étais interwievé. Il n'a =visiblement pas apprécié mes propos.
Mos : Peut-on connaître
votre patrimoine en quelques mots ? =
José Bové : Mon patrimoine : j'ai une maison qui
m'est =revenue à 120 000 euros et pour laquelle j'ai emprunté 90 000 =euros.
J'ai, avec ma compagne, un petit bateau, qui nous a couté 30 =000 euros. Et
pour me déplacer, j'ai une Clio.
Zaza : Quelle est votre
stratégie d'alliance pour les =législatives ? Avec le PS, le PC, la LCR ?
José Bové : Dans le cadre des collectifs unitaires,
nous =envisageons de présenter des candidats dans un maximum de
=circonscription. Nous verrons si une dynamique unitaire, comme nous la
=souhaitons toujours, y compris pour les présidentielles, pourra se =développer
aux législatives.
Yann._R : Etes-vous pour
ou contre le mariage homosexuel ?
José Bové : Je suis favorable au mariage homosexuel.
Il n'y =a pas de raison de faire de ségrégation en amour...
Ketq : Seriez-vous pour
une dépénalisation de la culture =personnelle du cannabis pour les majeurs ?
José Bové : On est dans une situation tout à fait
=hypocrite dans ce pays. On sait qu'une grande majorité de jeunes =adultes
fument du cannabis et que de nombreux en font pousser pour leur =propre
consommation. Il est donc ridicule de criminaliser une pratique =qui,
aujourd'hui, ne s'inscrit pas dans une logique qui soit contraire =au bon
fonctionnement de la société.
Miguel : Quel est
l'objectif en pourcentage que vous vous donnez au =premier tour ?
José Bové : Pour moi, ce qui est important, c'est
qu'on =fasse le pourcentage le plus élevé possible. Je ne me présente =pas dans
l'objectif de me satisfaire d'un sondage le plus limité =possible. Ce qui est
important, c'est que les thèmes que nous portons =soient présents de toutes les
manières dans le débat et qu'il =puisse ensuite se concrétiser après les
présidentielles et les =législatives.
Merci aux internautes qui ont bien voulu me poser des questions et en =espérant que mes réponses ont permis de les éclairer un peu =plus.